Croyances et idées recues sur la psychanalyse



Aujourd'hui, la psychanalyse est partout
: à la télévision, à la radio, dans la presse...  
Pourtant, la thérapie analytique continue de susciter une foule de croyances et d'idées reçues. Or, ces préjugés risquent de dissuader certains alors qu'ils pourraient en tirer des bénéfices. 

Bernard Duperier, psychanalyste, nous permet d'y voir plus clair :

La psychanalyse s'adresse à ceux qui vont très mal
Oui et non. Ceux qui s'adressent à un analyste ont envie de comprendre ce qui leur arrive et pourquoi ils souffrent.
Une telle position requiert une dose de lucidité dont ne dispose pas un individu en plein délire ou totalement désespéré. En fait, les personnes qui vont vraiment très mal bénéficient de traitements médicamenteux ou se font hospitaliser.

Je connais mes problèmes et je peux les analyser seul
Il est impossible d'avoir accès, seul, à son inconscient ! 
Connaître ses problèmes ne signifie pas connaître leurs solutions. Bien au contraire puisque lorsque nous réfléchissons sur nous, seul ou même avec un ami, nous empruntons toujours des chemins identiques de réflexion. Ce qui a pour conséquence de tourner en rond. 
C'est pour cela que la présence de l'analyste est indispensable. Nous n'allons pas en analyse pour rencontrer ce que nous connaissons déjà, mais pour faire surgir une vérité que nous ignorons

Parler à quelqu'un qui n'ouvre pas la bouche est inutile 
Non : parler à un autre ne l'est jamais ! 
De plus, si le psychanalyste parle très peu, c'est pour laisser le patient s'exprimer et lui permettre de construire ses propres solutions. Tout son art est de dire les choses importantes au moment adéquat. 

L'analyse est normative
Non, elle est subversive ! Elle permet aux gens de trouver leur voie, dans la société certes, mais en fonction de leur désir propre et de ce qu'ils sont vraiment.

L'analyse, et c'est le divorce assuré
Non, sauf si le patient comprend, dans sa thérapie, que cette relation lui sert avant tout à se faire du mal. Le plus fréquemment, l'analyse de l'un des partenaires fera progresser la relation. Le couple trouvera des aménagements pour mieux vivre et mettre ses dysfonctionnements en sourdine. 

Cela va totalement, me transformer
Se transformer est précisément l'enjeu d'une analyse ! Nous ne fonctionnons plus comme avant. Si un certain nombre de fonctionnements demeurent (il est exceptionnel, par exemple, qu'un intellectuel se mette à dédaigner les choses de l'esprit), le rapport aux autres, à la vie, se modifie en profondeur et on en tire davantage de bénéfices. 

Mieux vaut une thérapie brève
Ce n'est pas la même chose : nous ne pouvons pas accomplir un travail identique en quelques semaines, quelques mois, ou plusieurs années. 
Si c'est si long, c'est parce que les processus psychiques évoluent très lentement et qu'il est impossible de bousculer les patients : en effet, le travail avance en fonction de ce qu'ils peuvent supporter et du temps dont ils ont besoin pour comprendre leur problématique. 
Cependant, une analyse peut s'effectuer par « tranches » successives sur une, deux ou trois années, le temps de régler un problème ponctuel. Quitte à reprendre plus tard si nous désirons aller plus loin. 

Après, on est plus névrosé qu'avant
Certainement pas ! En analyse, des moments pénibles (angoisses, dépression, etc...) surviennent effectivement. Ces passages douloureux prouvent qu'une vérité difficile à affronter vient d'émerger, ou encore qu'une croyance (qui nous faisait vivre jusqu'alors) vient d'être abandonnée. 

Cela permet de trouver l'âme sœur !
Non, en réalité, une analyse aide à comprendre pourquoi nous ratons nos relations sentimentales, sans garantir pour autant la réussite d'une prochaine rencontre. Disons qu'elle permet de renoncer à ses attentes et comportements névrotiques pour, éventuellement, se mettre en position de construire une relation viable avec un partenaire. Ce qui n'est déjà pas si mal ...

Pour en savoir plus :